Pep Guardiola surprend encore. Après avoir bâti sa réputation sur des gardiens capables de relancer comme des milieux, il a choisi Gianluigi Donnarumma pour renforcer Manchester City. Un choix qui rappelle les débats entourant l’arrivée d’Erling Haaland, jugé à l’époque incompatible avec le style du Catalan… avant de devenir l’attaquant le plus prolifique de Premier League.
Quand City a signé Haaland, les critiques s’étaient multipliées : trop peu impliqué dans la construction, trop direct pour un système de passes courtes. Pourtant, l’histoire a donné raison à Guardiola : le Norvégien a pulvérisé les records de buts, redéfinissant le rôle de l’avant-centre sous ses ordres.
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Aujourd’hui, c’est Donnarumma qui suscite les mêmes interrogations. À 26 ans, déjà auréolé de 500 matches professionnels, vainqueur de l’Euro 2020 avec l’Italie et du premier sacre européen du PSG, le portier italien est critiqué pour son jeu au pied jugé limité.
Mais comme pour Haaland, les statistiques rappellent l’essentiel : il est l’un des gardiens les plus décisifs de la décennie, deuxième au classement des buts « sauvés » par rapport à la moyenne en Europe.
Un talent précoce forgé sous pression
Donnarumma a grandi dans la lumière. Débutant à 16 ans avec Milan, international à 17, il a assumé très tôt le poids de l’étiquette de « nouveau Buffon ». Il a été le joueur le mieux payé de Serie A alors qu’il n’était qu’adolescent et, partout où il est passé, il a écarté des gardiens venus du Real Madrid (Keylor Navas au PSG, Diego López à Milan).
Sa carrière n’a toutefois pas été exempte de turbulences. Les négociations menées par son entourage l’ont conduit à quitter Milan sous les huées, puis Paris sans prolonger. Ironie du sort, les Rossoneri ont remporté le Scudetto la saison suivante avec Mike Maignan… avant que les blessures du Français ne fassent regretter à certains supporters la fiabilité de Donnarumma.
Guardiola change son fusil d’épaule
Depuis son arrivée à City en 2016, Guardiola avait établi un dogme : un gardien devait avant tout être un joueur de champ supplémentaire. Joe Hart avait été sacrifié, Ederson avait incarné cette révolution. Mais les dernières campagnes européennes ont montré une autre voie. Courtois au Real Madrid et Donnarumma au PSG ont prouvé que l’arrêt pur, le réflexe décisif, pouvait suffire à décrocher la Ligue des champions.
Le coach catalan semble l’avoir compris : avec un Kevin De Bruyne moins présent, un Rodri plus exposé et une équipe moins capable de contrôler tous les tempos, City a besoin d’un gardien « super-héros » dans ses cages.
Le « Haaland des gardiens »
Donnarumma a réagi avec simplicité à sa signature. « Quand un club comme Manchester City te veut autant, cela signifie que tu as fait du bon travail. Être désiré par l’un des meilleurs entraîneurs du monde est indescriptible. »
En réalité, son arrivée incarne une évolution de Guardiola. Comme pour Haaland, ses défauts sont peut-être surestimés, tandis que ses qualités fondamentales sont sous-évaluées. Son envergure, ses réflexes et son expérience des grands rendez-vous en font un atout unique.
Antonio Conte citait souvent Pantaleo Corvino. « On peut se tromper de femme, mais pas de gardien ni d’attaquant. » Guardiola semble appliquer cette maxime. Donnarumma, comme Haaland avant lui, est perçu par certains comme « pas un joueur de Pep ». Mais ses performances pourraient rapidement convaincre qu’il est exactement ce dont City avait besoin.
Source : Article adapté et traduit à partir d’un contenu publié dans The Athletic

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