À 23 ans, Hugo Ekitike s’avance en Premier League avec le maillot de Liverpool, porté par un transfert à près de 79 millions d’euros et une conviction qui n’a jamais vacillé : il est fait pour briller au plus haut niveau. Sa carrière, faite de fulgurances et de creux, raconte avant tout l’histoire d’un joueur qui a toujours cru en lui. Souvent avant que le monde extérieur ne le suive.
David Guion, l’homme qui l’a lancé à Reims, se souvient moins d’un but que d’un échange resté gravé. Début 2020, Ekitike n’a que 17 ans mais impressionne déjà avec la réserve. Invité à s’entraîner avec les pros, il est finalement recalé du groupe retenu pour le match du week-end.
Le jeune Hugo demande alors un entretien avec son coach… pour lui dire que c’est une erreur. « Il ne comprenait pas pourquoi il n’était pas dans l’équipe. Il était impatient de tout » raconte Guion.
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Impatience, assurance, ambition : le portrait est dressé. Ses formateurs à Reims parlent tous d’un attaquant sûr de ses qualités, parfois trop, mais jamais paralysé par le doute.
« Il devait être le leader de l’attaque, celui qui marquait ou changeait un match » résume Franck Chalencon, son entraîneur en U19. Quitte à se faire bousculer physiquement, le gamin filiforme de Cormontreuil se relevait et redemandait le ballon.
L’apprentissage par les coups
Son ascension n’a pas été linéaire. Son prêt au Vejle BK au Danemark en 2021 ne restera pas dans les annales : quelques buts, beaucoup de banc, et une première découverte de la dureté du métier. De retour à Reims, il profite des blessures pour s’imposer, marquer contre Lyon, Marseille et Rennes, et séduire l’Europe. Le Bayern Munich, le PSG et Newcastle lorgnent déjà sur lui.
C’est finalement Paris qui le recrute en 2022, pour l’installer aux côtés de Neymar, Messi et Mbappé. Un choix audacieux, presque déraisonnable. « Le risque ? Je ne l’ai jamais envisagé » lâchait-il alors. Mais dans une rotation écrasée par les stars, Ekitike disparaît.
Sous Luis Enrique, il vit une saison cauchemardesque : une seule apparition, aucun but. Pour la première fois, il avoue avoir douté. « Si tu ne joues pas pendant six mois, forcément, ça t’affecte. »
La renaissance à Francfort
Son salut viendra d’Allemagne. Prêté à l’Eintracht Francfort en février 2024, il débarque hors de forme, surnommé « Mr No Goals » par la presse locale.
« Il n’avait la caisse que pour 10 minutes » se souvient Sebastian Rode, alors capitaine. Mais Ekitike s’accroche, enchaîne les séances de travail, retrouve du rythme. En avril, il débloque enfin son compteur, puis enchaîne buts et passes décisives.
La confiance revient, le talent aussi. Sa complicité avec Omar Marmoush illumine l’attaque, jusqu’au départ de l’Égyptien à Manchester City. Repositionné en pointe unique, Ekitike explose. Le directeur sportif Markus Krosche résume. « Il n’était qu’à 50 ou 60 % de son potentiel. »
Le pari Liverpool
Assez pour convaincre Liverpool de miser gros. Dans le vestiaire d’Anfield, Ekitike assume déjà son rôle. « Je n’ai jamais douté de moi. Je veux être le meilleur » disait-il encore en 2025. Ses premiers pas, marqués par un but en Community Shield, annoncent la couleur.
Guion, témoin de son éveil, est persuadé que l’Angleterre est le terrain parfait pour sa maturité. « Il a tout. À 25 ou 26 ans, il sera au sommet. »
Ekitike n’a pas fini de faire parler. Parce qu’il a du talent, oui. Mais surtout parce qu’il a cette certitude rare, presque magnétique, de ceux qui savent qu’ils étaient destinés à être vus.
Source : Article adapté et traduit à partir d’un contenu publié dans The Athletic

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