Huit ans d’attente, d’errance et de renaissance. Samedi, le Stadium of Light s’embrasera de nouveau pour la Premier League : Sunderland y accueille West Ham, comme un retour à la vie. Derrière les murs repeints, les tribunes modernisées et les onze recrues de l’été se joue bien plus qu’un simple match d’ouverture. C’est tout un club, et toute une ville, qui mesurent le chemin parcouru depuis les tréfonds de la League One pour retrouver leur place au sommet.
Huit années d’errance, quatre saisons dans le purgatoire de la troisième division, puis une lente reconstruction.
En 2022, Sunderland retrouvait le Championship, et en mai dernier, un Wembley incandescent a scellé leur retour dans la cour des grands, grâce à une victoire haletante en barrages contre Sheffield United.
Pour les supporters, la ville et toute la région de Wearside, ce retour a un goût de renaissance.
Une ville qui se transforme avec son club
Dans les entrailles du Stadium of Light, les travaux ne s’arrêtent pas. Nouveaux bars, fresques murales, espaces pour les familles, restaurant signé par le chef étoilé Tommy Banks… Sunderland s’offre une cure de modernité, comme pour rappeler que même un club fondé en 1879 peut renaître de ses cendres.
Cette mue dépasse d’ailleurs les murs du stade. De l’autre côté de la Wear, un pont flambant neuf reliera bientôt le centre-ville à l’enceinte.
La municipalité affiche ses ambitions : faire de Sunderland une « ville européenne », quand les investisseurs étrangers s’installent, du fonds souverain norvégien jusqu’aux Japonais de Jatco.
L’économie locale espère surfer sur la vague : Ipswich a vu son tourisme bondir de 4,5 % dès son retour en Premier League. Pourquoi pas Wearside ?
« On ne peut pas contrôler les résultats du club, mais on peut changer le visage de la ville » explique Kevin Johnston, élu municipal, devant une fresque géante célébrant les héros de Wembley. « Les deux se nourrissent : Sunderland comme club et comme cité veulent exister à nouveau au plus haut niveau. »
Du traumatisme à la résilience
Pour mesurer la distance parcourue, il suffit de se replonger dans mai 2017. Swansea s’imposait 2-0, le Stadium of Light sonnait creux, et Gareth Barker, voix du podcast Wise Men Say, quittait le stade avant la pause.
« C’était devenu insupportable, une véritable provocation » se souvient-il. « La relégation était actée, plus personne ne semblait s’en soucier. On parlait d’humiliation. »
Quelques mois plus tard, Sunderland chutait encore, jusqu’à végéter quatre longues années en League One. « Un supplice » résume Barker. Aujourd’hui pourtant, l’enthousiasme est palpable.
« Je n’aurais jamais imaginé voir Granit Xhaka signer ici. Cela change tout. On peut finir 20ᵉ comme 11ᵉ, mais ce club a retrouvé un socle, une ambition, et même en cas de chute, rien ne ressemblerait à 2017. »
Xhaka, symbole du nouveau Sunderland
Car c’est bien l’un des transferts les plus surprenants de l’été qui a fait basculer Sunderland dans une autre dimension. Granit Xhaka, auréolé d’un titre de Bundesliga avec Leverkusen et seizième au dernier Ballon d’Or, a dit oui à Wearside.
À 32 ans, le Suisse ne vient pas pour solder sa carrière : il a hérité du brassard de capitaine et s’est posé en guide d’un vestiaire métissé entre jeunes talents et recrues de renom.
« Ce projet n’est pas une aventure d’un an » insiste l’ancien Gunner. « C’est un plan sur plusieurs saisons. J’ai connu ça à Arsenal avec Arteta : les premiers pas sont décisifs. Ici, il y a une énergie incroyable. Samedi, je suis sûr que le stade sera en fusion. »
À ses côtés, onze recrues – dont Enzo Le Fée, Simon Adingra ou encore Reinildo Mandava – incarnent cette montée en gamme. Avec près de 110 millions d’euros investis, Sunderland a définitivement tourné le dos à la prudence financière de ses premières années sous Kyril Louis-Dreyfus.
Le défi de la Premier League
Reste la question cruciale : Sunderland est-il prêt ? Le coach Régis Le Bris, arrivé il y a un peu plus d’un an, tempère.
« Nous savons que la marche est haute. Mais nous voulons être compétitifs tout de suite. L’ambition, c’est le top 10. » Une audace presque irréelle pour un promu, mais à Wearside, on préfère regarder vers l’avant.
L’attaque reste jeune et inexpérimentée, les absences prévues lors de la CAN inquiètent déjà, mais l’enthousiasme est plus fort que tout.
Vendredi, au dernier entraînement sous les drones de l’Academy of Light, les nouvelles recrues prenaient leurs marques, avant de plonger dans le tunnel noir du Stadium of Light, surplombé d’yeux de chat géants.
Le symbole est clair : Sunderland retrouve la lumière. Et samedi, c’est toute l’Angleterre – et bien au-delà – qui se tournera vers Wearside pour voir si ce club mythique peut, à nouveau, rugir parmi les grands.
Source : Article adapté et traduit à partir d’un contenu publié dans The Athletic

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