En Angleterre, on a l’habitude des feuilletons à rebondissements, mais l’affaire Rabiot-Rowe a stupéfié jusqu’aux plus blasés des observateurs. Dans un long papier publié le 23 août, The Athletic décrypte ce qu’il appelle « an incident of extreme violence », un dérapage en vestiaire qui symbolise, une fois encore, la singularité marseillaise : ce mélange explosif de passion, de talent et de chaos.
Tout avait pourtant bien commencé. L’OM sortait d’une saison pleine, deuxième derrière Paris, et d’un mercato ambitieux.
Rabiot, recruté un an plus tôt après cinq saisons à la Juventus, s’était imposé comme l’un des leaders de l’équipe, un cadre respecté par ses coéquipiers et encensé dans une série documentaire diffusée par le club. Jonathan Rowe, lui, jeune ailier anglais formé à Norwich et héros du dernier Euro Espoirs, incarnait l’avenir.
Mais à Rennes, tout s’effondre. Frustrés par une défaite dans les arrêts de jeu, les Olympiens s’emportent dans le vestiaire. D’après The Athletic, les reproches fusent, Rabiot s’en prend à Rowe, la tension vire à l’altercation physique.
Un coup est porté, un jeune coéquipier s’écroule, et il faut l’intervention du staff de sécurité pour rétablir l’ordre. Pablo Longoria parlera ensuite d’un « incident d’une extrême gravité, du jamais vu », tandis que Mehdi Benatia évoquera un vestiaire digne d’« un pub anglais. »
Rowe, l’Anglais perdu dans le tumulte
Outre-Manche, c’est d’abord le sort de Jonathan Rowe qui intrigue. Arrivé en Ligue 1 pour franchir un cap, l’ailier londonien avait été présenté comme l’une des meilleures affaires de l’été dernier.
Son but décisif en prolongation lors de la finale de l’Euro Espoirs face à l’Allemagne avait marqué les esprits. Mais à Marseille, sa trajectoire s’interrompt brutalement.
La presse anglaise insiste sur le contraste entre l’espoir placé en lui et la réalité marseillaise. The Athletic rappelle que le joueur était déjà annoncé sur le départ, concurrencé par Igor Paixao, recrue à 35 millions d’euros.
Pour les médias britanniques, Rowe est une victime collatérale d’un club où les promesses se brisent souvent sur la dure réalité du quotidien. Les supporters de Norwich, eux, oscillent entre tristesse et fatalisme : « On lui avait dit que Marseille, c’était un pari risqué. Il a appris à ses dépens ce que veut dire chaos à la française » lit-on sur les forums des Canaries.
Rabiot, de héros à indésirable
Si le cas Rowe suscite la compassion, celui de Rabiot étonne. The Athletic rappelle à quel point son arrivée à l’OM avait été perçue comme un coup magistral : un ancien du PSG, pilier de la Juventus, acceptant une baisse de salaire pour s’engager au Vélodrome.
Ses dix buts et cinq passes décisives avaient largement contribué au retour de l’OM en Ligue des Champions.
D’où la surprise totale de la presse anglaise : comment un joueur présenté comme « the best person ever seen in a dressing room » par Longoria lui-même, a-t-il pu se retrouver éjecté si vite ?
Les journalistes britanniques pointent du doigt une décision marseillaise typique, où l’émotion l’emporte sur la raison, quitte à fragiliser un projet sportif déjà précaire.
L’instabilité chronique marseillaise
Pour les observateurs anglais, cet épisode n’est pas un accident mais une constante. Ils rappellent les départs houleux de Bielsa, Sampaoli ou Marcelino, tous avalés par la machine infernale du Vélodrome.
De Zerbi, avec son tempérament volcanique, ne fait que perpétuer une tradition : maintenir l’OM dans un état de tension permanente.
« Marseille a fini deuxième, mais reste prisonnier de ses vieux démons », conclut The Athletic. L’analogie avec la Premier League revient souvent : dans un championnat anglais où les clubs valorisent la stabilité managériale, voir un prétendant au titre saborder lui-même son vestiaire fascine autant que cela désespère.
L’Angleterre regarde, mi-fascinée, mi-amusée
La presse britannique observe l’affaire avec une pointe de fatalisme. Pour elle, l’OM reste un club « incorrigible, incapable de se réinventer dans la sérénité. »
Rabiot, libre en fin de saison, intéresse déjà plusieurs clubs anglais, et Rowe pourrait rebondir à Bologne ou ailleurs. Mais ce que retiennent surtout les journaux, c’est le spectacle : ce mélange unique de ferveur, d’instabilité et d’excès qui fait de Marseille un club impossible à ignorer.
« À Marseille, il ne se passe jamais rien de normal », conclut l’article, comme une maxime devenue universelle. Et en Angleterre, on ne demande qu’à continuer de regarder ce théâtre permanent.
Source : Article adapté et traduit à partir d’un contenu publié dans The Athletic

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